Le chœur des femmes c’est pour moi un livre plein d’émotions. Des émotions refoulées, des émotions fortes, des émotions qui sont nos compagnons de route depuis des années.
Pour situer un peu le contexte de ma lecture : j‘ai lu ce livre dans le cadre de mes études universitaires (pour un atelier intitulé Maladie et littérature) et j‘ai vraiment été agréablement surprise. L’originalité de ce récit c‘est avant tout le choix des personnages. A travers Jean Atwood et le docteur Karma on a un contraste saisissant. Comme si on avait affaire à deux types de médecins totalement différents et pourtant chacun d’entre nous a probablement déjà été confronté à des médecins qui leur ressemblent. On a d‘un côté le docteur Karma qui aborde ses patientes avec écoute, patience et bienveillance et de l‘autre Jean Atwood qui se passionne pour la chirurgie gynécologique mais qui apprécie un peu moins l‘échange avec les patientes.
Si le livre se termine sur une fin heureuse pour les protagonistes, ce n’est pas forcément le cas pour toutes les patientes que l‘on voit passer au fil des pages dans le service. Certaines ont été violées ou malmenées et malgré ces deux médecins bienveillants et à l’écoute, le choc restera en elle encore longtemps.
Martin Winckler, à travers des personnages extrêmement touchants, met le doigt sur un dysfonctionnement dans le monde médical : les femmes ne sont souvent pas vu comme des patientes à part entière et leur avis/ressenti n’est pas pris en compte dans leur diagnostic. En 2021, il est pourtant plus que temps que les choses changent et que les patientes puissent exprimer librement et sans crainte leur avis et leur souffrance, tout en étant entendues et comprises.
Paru chez Gallimard (collection Folio) en mars 2017
Analena Dazinieras